Bernard Rossi nous recommande la lecture du très beau texte (ci-après) d’Alain Keler sur la photographie.
New York 1972
Un dimanche à New York dans le quartier de Soho.
Des rues défoncées, des immeubles ou les loyers étaient encore modérés, des artistes un peu partout, une époque bénie pour tous ces talents émergents qui se trouvaient dans ce quartier, une Jérusalem de la culture, îlot saint débordant d’activités , d’expériences, d’idées et de galeries.
Une installation avec un violoncelliste, des notes agrandies accrochées à un mur qui répercutait les sons de sa musique sur les quatre parois de la galerie.
La photographie commençait aussi à être prise au sérieux, par certains pour un art. Elle entrait au MOMA, seuil d’une époque nouvelle qui lui donnerait bientôt ses lettres de noblesse. Mais au fait, est-ce que la photographie est un art ? Je posais la question sans doute naïvement à Walker Evans, dans une soirée où il donnait une conférence dans la très chic banlieue du nord de New York. Je ne connaissais pas encore tous les tenants et aboutissement de cet univers que j’allais bientôt fréquenter. « La photographie, me répondit-il, est un art lorsque le photographe est un artiste.
Je n’ai jamais été un artiste. Ma vision de la photographie fut plus modeste. Elle devait servir ceux qui vivaient cachés dans leur monde, ignorés des pouvoirs, ceux dont le quotidien était difficile, qui souffraient et se battaient pour exister décemment.
Un peu comme mes parents, timides acteurs de cette terre où à force de travail ils purent être respectés pour ce qu’ils étaient, de modestes artisans talentueux et honnêtes.
La photographie est une immense symphonie. Les interprétations sont diverses, tout comme les interprètes, et c’est leurs sensibilités qui en font sa richesse.
Pour en savoir plus :
– Sur le journal d’un photographe d’où ce texte est extrait
– Sur Alain Keller.
– Sur les photographes de l’agence Myop